Une Guide nommée Alice (12)
- Natou
- 5 févr. 2017
- 6 min de lecture
Slalomant entre les arbres, à la faible lueur de la lune, Mina, Eliott, Guillaume et Alice continuaient, tant bien que mal, de courir. Tous commençaient à essouffler, lorsqu'au bord d'un petit ravin, Mina perdit l'équilibre. Prise de court et ne distinguant pas grand choses, elle voulu se raccrocher à Guillaume qui lui même trébucha et emmena Alice dans sa chute. Heureusement pour eux, le ravin n'était que peu profond et à vrai dire, cela ressemblait plus à un léger contrebas du terrain qu'à une véritable crevasse. Empêtrés les uns sur les autres ils voulurent se relever de crainte d'être rattraper par la petite lumière lorsque Eliott, le seul encore debout vint s'ajouter brusquement à leur enchevêtrement. Mina tout en bas se mit à grogner, ne comprenant pas ce poids qui venait s'ajouter. Alice voulu elle même repousser Eliott afin de permettre aux autres de se relever lorsque Guillaume la retint du poignet et lui fit signe de ne pas faire de bruit. Elle s'immobilisa donc et tendit l'oreille...
Des bruits de pas approchaient.
Dans le silence de la nuit, tous prêtaient attention, priant pour que leurs battements de cœur ne s'entendent pas.
Les brindilles craquaient, de plus en plus loin d'abord. Et, comme si l'ombre semblait revenir sur ses pas, de plus en plus proche.
Coincée entre ses amis et deux buissons de ronces, Alice voulu tout de même relever la tête. Elle ne distinguait rien de très précis mis à part une légère lueur mobile. Retenant sa respiration, elle se disait pour se rassurer que bientôt, l'ombre allait repartir n'ayant rien trouvé. A peine avait elle fini de formuler sa pensée que , un peu plus loin dans leur direction, un oiseau de nuit sûrement , se mit à battre des ailes et cassa quelques branches mortes. Les bruits de pas reprirent comme un sprint et une ombre passa au dessus d'eux avant un bruit de chute suivie d'un juron. Une voix masculine.
Sûrement le CT ou le CC qui, en voulant enjamber le ravin, avait raté son atterrissage et s'était sans doute pris une souche.

"-Rhaa bon aller tant pis...ils ont sûrement dû déguerpir plus vite que moi..."
Les pas s'éloignèrent...
Cinq minutes plus tard, tous se relevaient . Mina consulta la carte et la boussole. Elle finit par prendre la parole, plus doucement cette fois.
"-Le bon coté, c'est que notre fuite nous a poussé dans la bonne direction. Regardez, là c'est où nous sommes , là ce sont les ruines du mur et là c'est la ferme. Il nous suffit de continuer 1km azimut Sud Est, puis une fois les ruines trouvées , ce ne sera l'affaire que de quelques centaines de mètres on y sera . Aller c'est repartit !"
Vite remise de sa chute, Mina reprit ainsi la tête de l'expédition. La topo c'était son point fort . Le seul fait de sentir sa précieuse boussole contre son cœur réussissait à la remettre d'aplomb après n'importe quelle glissade.
Marchant aux cotés de son amie, Alice, de son coté, était aux aguets. Qui sait quelle mésaventure pourrait encore leur arriver ? Au cœur de la forêt sombre , elle écoutait chaque son. Car, contrairement à ce que l'on pourrait croire, la nuit, tout n'est pas si calme. En forêt, les animaux nocturnes se réveillent tout juste. La chouette s'en va chasser et , par ses grandes ailes , casse les branches mortes des sapins. Le renard ,quant à lui, bien que discret ,fait bruisser les buissons . Les chauves souris criassent au loin près des mares où les crapauds chantent...
Oui, à la campagne la nuit est pleine de bruits, pleine de vie.
Mais il en faudrait plus pour effrayer Alice. Voila maintenant 7 ans que la Nature est son terrain de jeu et mis à part quelques gros mammifères , elle s'était plutôt bien accoutumé à la discrète présence de la plupart.
Poursuivant ses réflexions sur la faune nocturne ,elle ne s'arrêta cependant pas d'écouter. Et elle fit bien, car quelques instants plus tard, un son inhabituel vint résonner contre ses tympans... un bruit de sabots.
Très léger .
Trottinant presque.
"-Dites, vous pensez qu'il y a des cerfs dans cette forêt ?"
Eliott répondit:
"-Non je crois pas , bien qu'elle fasse quasiment un hectare je pense qu'elle est encore trop petite pour des gros animaux comme ça . Des sangliers à la limite mais pas de cerfs..."
Loin de rassurer Alice , cette réponse la mit en encore plus sur ses gardes.
"-Pourquoi?" Repris Eliott , sentant une anxiété inhabituelle dans le silence d'Alice .
"-Parce qu"il me semblait avoir entendu ... "
Elle tourna la tête,une masse sombre apparaissait à environ dix mètres d'elle.
"-Ho! Regardez ! le mur, il est là !"
L'équipée se retourna , et effectivement , le vieux mur couvert de mousse s'érigeait non loin de là .
"-Super! Maintenant il ne reste plus qu'à trouver un passage pour passer de l'autre coté!" S'exclama Mina.
"-Oui, parfait, dit Guillaume. Et que voulais tu dire Alice tout à l'heu..."
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un beuglement terrifiant se fit entendre au loin, confirmant les craintes d'Alice.
Leur poul s'accéléra.
"- Sanglier! S'exclama Eliott. Vite! Sur le mur, on escalade , tant pis pour la mousse!"
Par chance pour eux, aucun des quatre scouts n'avaient réellement aperçu de sanglier avant ce jour çi. Durant toutes ces années , la présence de ces derniers n'avait été que présumée. Jamais personne n'aurait souhaité en rencontrer un réellement et de si prêt.
Au bas du mur, Alice agrippa la vieille pierre humide. Le temps ayant fait son travail, le mur était un peu effondré par endroits et les grosses pierres tombée au sol pouvaient servir de marches. Aidée par Guillaume et Eliott elle atteignit assez vite le sommet. Elle se retourna et tendit la main à Mina, hissée à son tour. Les deux filles étaient maintenant en sécurité. Rejointes très vite par Eliott il ne manquait plus que Guillaume qui à son tour débutait son ascension.
Les bruits de sabot se rapprochaient et leur apprirent que le danger était bel et bien présent, ça n'était pas un jeu ; un de leur camarade n'allait pas sortir de derrière un buisson pour leur attraper le foulard. Là c'était une vraie bête sauvage, la loi de la nature allait reprendre ses droits.
Guillaume avait atteint la moitié du mur lorsque, malgré les mains tendues, son pied glissa sur la mousse. En se rattrapant, il s'était écorché le poignet. Un nouveau beuglement se fit entendre, bien trop proche cette fois ci.
Dans une ferveur de désespoir, Guillaume oublia la douleur de son poignet et s'élança vers le haut. Eliott le saisit au pull, Alice au bon poignet. Ils tirèrent de toutes leurs forces. Mina, à coté, une pierre en main, essayait de déterminer d'où allait arriver le danger au cas où il faudrait le ralentir.
Leur détermination finit par payer, Eliott et Alice parvinrent à hisser Guillaume, et Mina n'eu pas à user de ses talents de tir. L'animal, quelques mètres plus bas, tournait et retournait furieusement. Des cris plus aigus trahirent la présence de marcassins. Ce sanglier çi était une femelle, et accompagnée de ses petits, en plus. Ce qui expliquait son agressivité.
"-Qu'es-ce-qu'on fait maintenant ? Demanda Eliott. On attend qu'elle parte?
- On pourrait, pour plus de sécurité. Lui répondit son cousin, serrant son mouchoir autour de son poignet. Cependant, puisque l'on va de l'autre coté du mur on pourrait tout de suite y aller,il n'y aurait plus vraiment de danger. Le seul problème qui se pose c'est comment est ce que l'on va descendre..."
Tous se penchèrent et regardèrent de l'autre coté du mur.
"-Hé ! Il y a de la lumière là bas! C'est la ferme ! s'écria Alice, tu avais raison Mina!
Un sourire aux lèvres, Mina déclara:
-Effectivement.
-Mais tous ça ne nous dit toujours pas comment l'on va descendre. Lâcha Guillaume, rendu un peu grognon à cause de son poignet qui le lançait."
Eliott, quand à lui, s'était prudemment redressé et s'était décalé de quelques mètres sur le haut de la muraille formée par le mur.
"- Je crois que j'ai trouvé! "
Guillaume releva la tête .
"-Venez par là! Repris Eliott, il y a une suite de roches qui ont sûrement dû tomber avec le temps . Elles forment une sorte d'escalier, si on fait attention à ne pas glisser, il ne devrait pas y avoir de problèmes."
Le jeune garçon resserra le bandeau de sa lampe frontale et attaqua la descente. Il se laissait glisser de pierre en pierre tout en se retenant prudemment au lierre qui les ornaient. Les trois autres le suivirent , appliquant les conseils qu'il déclamait quant à telle ou telle prise qui était plus sûr qu'une autre. Tant et si bien, qu'ils arrivèrent tous au sol sans aucune anicroche.
Enfin, après une courte et ultime marche, la ferme se dressait devant eux. Une légère lumière émanait d'une des fenêtres du rez de chaussé.
Ils y étaient.
A SUIVRE....